Livres
Construire une œuvre
L’écriture est ce qui me tient depuis toujours debout, dans mon équilibre avec le monde.
Ce sont l’art, la pensée et la création qui toujours m’ont préoccupé.
La fréquentation de différents univers, de différents métiers, m’a toujours ramené à l’essentiel du processus de création. C’est de me souvenir de cela qui fait que depuis toujours je peux travailler au désir d’écrire.
Explorer les ressources de la littérature et de la création est l’enjeu des ateliers d’écriture que j’anime. Être l’instigateur de tels ateliers exige un savoir particulier, unique, original, non scolaire, multiple, organisé, profond, personnel. C’est cela que je tente de transmettre à ceux qui me font une demande de formation. Dans le respect et la continuité de ce travail inauguré par ma mère en 1969.
Je vis toujours dans ce qu’autrefois un poète suisse appelait ma « nuit de feuilles », avec la « rage » dont m’avait caractérisé un ami typographe, avec l’appréhension fragile du sensible, de l’éthique comme esthétique, la condition de l’être et du devenir, dans les entrelacs infinis de la littérature.
Histoire d'écrire des livres
Je répondais ceci dernièrement à une personne membre de Mensa* qui me faisait part de ses difficultés à envoyer ses textes aux éditeurs :
Chaque écrivain vit les choses à sa façon et selon sa structure, bien entendu. Or les phénomènes d’inhibitions ne sont pas tant liés à l’intelligence qu’à l’inconscient et au refoulement, ce pour quoi il faut à mon avis le travailler dans des lieux ad hoc. Pour autant je connais cette limite, pour l’avoir maintes fois rencontrée, comme je l’ai dit, et en avoir accompagné l’analyse. Il y a dans ce travail un moment où le déclic se fait, toujours à un moment original, imprévu, toujours sur quelque chose de surprenant et qui pouvait paraître annexe ou anodin. Ce n’est donc pas en quelques messages que l’on peut espérer trouver magiquement (le magique ment) l’issue, la rupture du cercle vicieux. Toutefois j’engage vivement à considérer les choses d’un autre point de vue, d’un point de vue d’écrivain. Il ne s’agit pas d’une finitude – la conscience de la mort n’est pas un frein – mais au contraire d’une possible infinitude. Pour moi en un sens c’est du côté du sentiment océanique que cela pourrait se poser, encore que j’aie travaillé la question de la limite.
Dès lors, ce qui compte pour moi, ce n’est pas le livre, mais l’œuvre entière. Chez moi, en matière d’art, cela se compose non seulement de l’écriture, essentielle, mais d’autres formes d’art en quoi mon dire se trouve à être confronté à la réalité. Peinture, musique, écriture, vidéo etc. No limit ? Voir les choses du point de vue de l’œuvre, et non du seul point de vue du livre, et non du point de vue d’un seul élément fini.
Cela dit, encore, un livre est-il jamais fini ?
* Mensa est une association de personnes à haut QI "qui permet l’épanouissement au sein d’une communauté chaleureuse et stimulante". Je suis adhérent à cette association.
Éditions Maurice Nadeau 2009
Le portrait de la créatrice des ateliers d'écriture dans le regard d'un écrivain fils d'icelle, au travers du miroir brisé de la mémoire.
Ce livre retrace, par touches successives, l'image d'une des figures mythiques de la libération et de l'expansion de l'écriture littéraire : celle de la mère, Élisabeth Bing, créatrice des ateliers d'écriture en France. Le regard, comme dans un miroir brisé par la maladie de la mémoire, du fils sur cette mère, reconstruisant petit à petit, au long de la pensée, du souvenir, la figure d'une femme dans le siècle et l'enjeu pour elle et pour lui de l'art, de l'écriture, de la littérature et de la liberté.
Une bataille sans pitié entre la mère et le fils autour de ce manuscrit qui ne cesse pas de ne pas s’écrire.
Emmanuel Bing & Marie-Josée Keller
Éditions Le Manuscrit
Collection Science-Fiction 2007
Quelque part dans le temps et dans l'espace, une planète, Torin. Un univers lisse, en équilibre entre tradition et modernité. Deux hommes que tout oppose, Yl Matnakef, chercheur inlassable, et Zagar, détenteur d'un savoir séculaire, œuvrent dans le même sens : rendre les rêves au réel. Lô, élu dissident, dépassera leurs espérances avec l'aide d'Annah, droguée à perte d'âme, Ellina, épouse sensuelle, et Amos, créature aux étranges pouvoirs, sous le regard caustique et amusé d'Archibald Turner, inventeur subversif. Ce roman épique et jubilatoire se situe du côté de la science-fiction tout en puisant sa matière dans l'anticipation, la philosophie, la psychanalyse, le suspense, l'action, le polar, sans oublier l'amour et l'érotisme.
Bécassine et l'écriture automatique
Essai.
Emmanuel Bing
La grange aux dîmes 2002
L'écriture automatique aurait-elle aidé Bécassine à trouver l'inspiration? Qu'est-ce que le travail du texte dans un atelier d'écriture ? Les lettres de l'alphabet ont-elles des couleurs? Quel rapport entre la peinture et le sacré? Les textes réunis dans ce recueil ouvrent à des thèmes qui tous s'organisent autour de la question de la création.
Éditions Maurice Nadeau 2019
L’histoire commence dans un cabanon abandonné, au-dessus d’Aix, à trente kilomètres de la mer, dans la pinède, entre Chemin Noir et Chemin de Repentance. Un homme y trouve refuge, il y fuit son passé, qui revient par vagues, son adolescence dans les années soixante-dix, ses femmes, et surtout une rencontre terrible, malfaisante, mortelle, celle de la sorcière, une femme vieillissante qui va exercer sur lui un pouvoir néfaste.
Le refus de revenir à la réalité, le rejet des souvenirs, l’inquiétude sans objet épuisent en lui une énergie considérable, et la confusion entre le présent et le passé atteint son comble : il ne sait plus s’il est poursuivi par les chiens, les gendarmes, ou par ses propres terreurs. Le soleil de la Provence lui offre alors un lieu, un temps d’apaisement, où le chant des cigales, le ronronnement d’une chatte et une vie retirée prennent place comme pour l’éternité. Par sa fuite dans la pinède l’homme retrouve ou réinvente son passé, mais il y vivra également une histoire d’amour au présent, avec une femme dont l’influence, peu à peu, semble le ramener à la réalité, et à ses responsabilités. Y parviendra-t-elle ? Ses démons vont-ils le rattraper ?
Emmanuel Bing et Marie-Josée Keller
edilivre.com - 2013
L’empire Lôrien se délite alors que la menace qui plane sur l’humanité se précise. L’âme endormie d’un peuple ancien s’éveille et l’antique légende du Quetzacòatl reprend vie. Qu’adviendra-t-il des humains livrés à l’approche des Mornes-Mondes ? Sauront-ils faire taire leurs divergences et unir leurs forces pour affronter la Chose monstrueuse qui risque d’anéantir l’univers ? Oniris, fragile comme la dentelle du monde, sera-t-il épargné ?
Là ici ailleurs hier
Poésie
Emmanuel Bing
La grange aux dîmes 2019 (HC)
Le caractère inépuisable du murmure
texte de Emmanuel Bing
photographies de Jos Tontlinger.
Editions JT - Bruxelles - 2013
La photographie profonde, obscure, tentaculaire, abrupte de Jos Tontlinger, le texte d’Emmanuel Bing, labyrinthique, rude, cru, dans l’immédiateté d’un je de l’errance dans le temps et sur le sol, font de cet ouvrage à entrées multiples un objet d’art et de sens dans lequel le lecteur-spectateur apprendra, comme on le fait d’un dédale, par quels détours il s’agit de s’orienter, et comment il est parfois possible de trouver une issue là où il semble ne pas y en avoir.
Il y avait eu l’errance longue, celle d’un survivant, c’était comme cela que j’étais à ce moment-là, rien, absolument rien d’autre qu’un type jeté hors de lui-même dans le hors-vie du sol. Je n’étais pas un violent, seulement peut-être un peu encombré de moi-même, dans la cruauté des fantasmes et l’éphémère du sens.
Je marchais le monde et j’allais là où les pas me menaient, je visitais les paysages et les villes. J’avais l’œil photographique. La vie était un road movie sans fin. Même s’il allait bien falloir qu’il y ait une fin. Je regardais toujours la vie comme un film, sans y être vraiment totalement présent. Quelque métier que je fisse, j’étais toujours en partance, dans un ailleurs à moi-même, une excroissance de l’âme. Il y avait les souvenirs. Ceux qui me tourmentaient. Ceux qui ne me tourmentaient pas. Une grande partie avait enfin perdu sa virulence, et c’était comme si j’étais un peu mort.
Cette voix du sensible que l’on entend au fil des pages, et le regard acéré, rugueux du photographe, invitent à se fier encore et toujours au caractère inépuisable du murmure.
Emmanuel Bing et Marie-Josée Keller
edilivre.com - 2014
Loin dans le temps et l’espace, la destruction de l’humanité est imminente. Assaillis par les dieux des Mornes-Mondes, émissaires de la Chose tapie dans les ténèbres, les humains font face. Ensemble. Sur la planète Torin, − retour aux origines −, la résistance s’organise autour d’Archibald Turner et de la reine Tehuacl. Stratégie, technologie, armes, mantras, chants, rituels, tout fait sens dans cette guerre qui déchire les galaxies depuis sept ans. Oniris, préservé depuis le début des hostilités, est maintenant directement menacé. Quelle sera l’issue de cette lutte acharnée ?